Enfin les médias s’interrogent sur la légitimité des sondages ; tout en continuant à les diffuser : schizophrénie et capitalisme aurait dit Gilles Deleuze.
Réifier en indices, chiffres et statistiques l’illusion d’une opinion commune, c’est faire fi de la pertinence de parole.
Enfouir la vérité du langage sous une avalanche de chiffre dans une logique pseudo démocratique, voilà qui ne laisse pas de surprendre. Les sondages montrent en tout cas qu’il n’est pas simple d’être journaliste : entre éthique et efficacité apparaît souvent le manque de moyen et la cruelle dictature des pages à remplir.
A l’heure du Web 2.0 se pose la question des médias citoyens et de l’essence de l’information. Chacun peut devenir diffuseur et les dérives apparaissent déjà : qu’il s’agisse de désinformation ou de ce sentiment qu’aucun acte n’échappera plus à l’objectif d’une caméra.
Mais loin des sondages et de cette révolution journalistique en cours, saluons un site qui tente une approche différente.
Régis Jauffret vient de publier Microfictions, un roman qui, comme à chaque fois chez lui, claque juste et laisse derrière lui une grande partie de la littérature française contemporaine. Il vient aussi de lancer un site interviewgeneration.tv.
Evidemment, les technophiles et autres spécialistes du réseau ne salueront peut-être pas ses performances et sa technicité. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de l’un des sites les plus intéressants du moment.
A l’opposé de l’esprit sondeur, Jauffret laisse circuler une parole libérée des contraintes médiatiques. Constatant par exemple que le canal Saint-Martin s’est apparenté aux débuts de l’engouement médiatique à un véritable plateau de cinéma, il choisit de filmer ceux qui ne font pas partie du casting : sans-papiers, gueules cassées etc.
Les interviews se succèdent comme des rencontres impromptues et touchantes. Laissant transparaître une part d’humanité qui manque souvent au journalisme contemporain.
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Au lieu de chercher des noises à Nicolas Sarkozy sur ses anciennes affaires immobilières, il serait plus intéressant de comprendre pourquoi celui-ci rejette encore, au moins dans le discours, l’idée d’une police de proximité.
"La police est là pour arrêter les délinquants, pas pour faire du social" affirmait le ministre de l’Intérieur en 2003. Message reçu et échec sur toute la ligne. La suppression de la police de proximité a conduit à un durcissement absolu des rapports entre les jeunes de quartiers difficiles et la police. Ce qui ne l’empêche aucunement de réaffirmer aujourd’hui cette ligne de conduite : "Il ne saurait être question de rétablir la police de proximité, qui ne procédait à aucune investigation, à aucune interpellation, à aucune élucidation".
Derrière ce manque de bon sens se cache un projet de société où la régulation des problèmes sociaux devra s’effectuer sans l’intervention de l’Etat. Il considère pour cela que le communautarisme religieux est la solution idéale. Convaincu du modèle américain, il déclarait en 2004 dans La République, les Religions et l’Espérance aux éditions du Cerf : « Je suis convaincu que l’esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté (…) Au bout du compte, l’espérance dans un au-delà meilleur est un facteur d’apaisement et de consolation pour la vie aujourd’hui ».
Sarkozy ne souhaite rien d’autre que la relégitimation du rôle politique et social des Eglises, écrit Eric Besson dans son rapport sur Nicolas Sarkozy. Il souhaite modifier la loi de 1905 sur la laïcité, il veut aller vite. Quitte à créer en urgence un CFCM (Conseil français du culte musulman) plus que douteux et à l’heure actuelle en plein déchirement.
Injecter du religieux, confondre un citoyen avec son identité religieuse quand on sait qu’à l’instar des catholiques, 79 % des musulmans français se considèrent comme non pratiquants … C’est aller vite en besogne
Voilà ce que signifie ce refus de la police de proximité : l’espérance - artificielle, tant l’histoire de France est emprunte d’une culture républicaine - de voir se mettre en place des réflexes communautaristes et religieux afin que l’Etat se dégage des questions sociales.
Sarkozy ou la grande récup' des voix de l'islam :
http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/237411.FR.php
Nicolas Sarkozy dément avoir bénéficié d'un rabais sur son appartement :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-877011,0.html
Nicolas Sarkozy se défend de vouloir rétablir la police de proximité :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876689@51-868450,0.html
L’inquiétante rupture tranquille de Monsieur Sarkozy : le texte intégral :
http://www.box.net/public/static/46jprt04k2.pdf
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