Enfin les médias s’interrogent sur la légitimité des sondages ; tout en continuant à les diffuser : schizophrénie et capitalisme aurait dit Gilles Deleuze.
Réifier en indices, chiffres et statistiques l’illusion d’une opinion commune, c’est faire fi de la pertinence de parole.
Enfouir la vérité du langage sous une avalanche de chiffre dans une logique pseudo démocratique, voilà qui ne laisse pas de surprendre. Les sondages montrent en tout cas qu’il n’est pas simple d’être journaliste : entre éthique et efficacité apparaît souvent le manque de moyen et la cruelle dictature des pages à remplir.
A l’heure du Web 2.0 se pose la question des médias citoyens et de l’essence de l’information. Chacun peut devenir diffuseur et les dérives apparaissent déjà : qu’il s’agisse de désinformation ou de ce sentiment qu’aucun acte n’échappera plus à l’objectif d’une caméra.
Mais loin des sondages et de cette révolution journalistique en cours, saluons un site qui tente une approche différente.
Régis Jauffret vient de publier Microfictions, un roman qui, comme à chaque fois chez lui, claque juste et laisse derrière lui une grande partie de la littérature française contemporaine. Il vient aussi de lancer un site interviewgeneration.tv.
Evidemment, les technophiles et autres spécialistes du réseau ne salueront peut-être pas ses performances et sa technicité. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de l’un des sites les plus intéressants du moment.
A l’opposé de l’esprit sondeur, Jauffret laisse circuler une parole libérée des contraintes médiatiques. Constatant par exemple que le canal Saint-Martin s’est apparenté aux débuts de l’engouement médiatique à un véritable plateau de cinéma, il choisit de filmer ceux qui ne font pas partie du casting : sans-papiers, gueules cassées etc.
Les interviews se succèdent comme des rencontres impromptues et touchantes. Laissant transparaître une part d’humanité qui manque souvent au journalisme contemporain.






a dit à 08:39
02 / 03 / 2007