Les Français sont aujourd’hui de droite. Le Pen, Sarkozy, Bayrou réunis, dépassent allégrement la barre des 60 % dans les intentions de vote. Comment expliquer cette préférence politique nationale ?
Certes, le spectre est assez large. Pour le formuler autrement, on pourrait alors dire que les Français ne semblent plus de gauche, et les candidats l’ont bien compris. Quand Nicolas Sarkozy déclare sur le site de l’UMP : « Accepter la logique de l’égalitarisme c'est du socialisme. Et je ne suis pas socialiste », il sait qu’il peut se permettre maintenant ce genre de petites phrases qui auraient fait grand bruit, il y a peu encore.
Qu’est-ce que l’égalitarisme ? En tant que doctrine, il s’agit de l’égalité absolue entre tous les citoyens. Ce mot a pris au sens plus large la définition que lui accorde Karl Popper dans La Société ouverte : « L’égalitarisme veut que tous les citoyens soient traités impartialement, sans qu’il soit tenu compte de leur naissance, de leurs relations ou de leur fortune. En d'autres termes, il ne reconnaît aucun privilège naturel... ».
Mais Ségolène Royal n’est pas en reste, il faut parfois prendre le temps de considérer le vocabulaire de la candidate : son « ordre juste » est loin d’avoir la moindre connotation socialiste. Ségolène a bien compris que son penchant naturel vers la droite était la clé de son élection. Les camps militaires, la Marseillaise, le drapeau tricolore, tout cela marche.
Elle se met en tous cas au pas d’une pensée imprégnée par capillarité de notions conservatrices jusqu’alors intimement étrangères à son camp. Mais que s’est-il passé ?
On a l’impression que l’idée de solidarité n’intéresse plus les Français. La conviction n’est plus de mise, remplacée par un souci permanent de protection individualiste.
Une vision à long terme de la politique, des opinions tranchées : toutes ces attitudes ne sont plus à l’ordre du jour. Les scores de Bayrou le démontrent, ainsi que les fluctuations de Royal dans les sondages, au gré de ses différentes déclarations publiques.
Alors quoi ? Vingt ans de bourrage de crâne à la sauce TF1 et M6 ont suffit à résigner les Français au fatalisme face aux misères de ce monde. A diffuser dans l’opinion un sentiment de peur permanente. A faire avaler aux électeurs que le bonheur et le sens de la vie résident dans le consomme-et-tais-toi… Aucun programme ou gramme de réflexion politique n’est à attendre de la part des candidats dans cette campagne télévisée.
Loin pourtant d’être incapables de débattre, ils font le choix d’autres lieux pour s’exprimer. Ceux qui voudraient voter avec leur cerveau feraient mieux d’éteindre leur poste, au moins jusqu’à la fin de l’élection présidentielle. Ce serait déjà ça de gagné pour leur réflexion citoyenne.






a dit à 13:44
03 / 04 / 2007
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04 / 04 / 2007