Les repères se désagrègent en politique, mais pas uniquement là . La presse, sous pression structurelle et économique, chamboule parfois ses orientations politiques. Quitte à en être réduit au grand écart devant un candidat indéfinissable.
Le 15 janvier 2007, au lendemain de la candidature officielle de Nicolas Sarkozy, nous avons pu lire un édito étonnant de Laurent Joffrin dans Libération. «On dira beaucoup de choses, mais on devra en reconnaître une : le candidat de la droite a produit une performance impressionnante.» Et d’enchaîner sur les qualités du grand homme. Pour le dire simplement : le Figaro n’a pas fait mieux.
Aujourd’hui, le directeur de la rédaction de Libé s’attaque à Bayrou avec un talent que le lectorat traditionnel aurait certainement préféré voir concentré sur le candidat de l’UMP. Il ajoute : « il faudra bien pencher, comme dans la plupart des pays modernes, à droite ou à gauche : vers le libéralisme droitier ou vers la sociale-démocratie rénovée. » Les choses sont claires, le bipolarisme à la française est la voie unique. Daniel Schneidermann pointe quelques jours plus tard un article du Monde où Carlo Caracciolo, actionnaire de Libération, souhaitait « que Sarkozy gagne l'élection présidentielle » car « il est toujours plus facile de faire un journal d'opposition.»
Cette série d’hypothèses plus ou moins suspicieuses dessine en tout cas une ligne de fuite sans repères. Il faut dire que Joffrin à un journal à redresser, une identité à retrouver, après le départ de ses plumes talentueuses telles que Antoine Gaudemar ou Sorj Chalendon, sans oublier l’inclassable Skorecki.
Y’a pas le temps de s’emmerder avec un troisième homme, en l’occurrence Bayrou, qui ouvre largement son programme à une gauche qui peine à se rassembler autour de Ségolène Royal. Ceux qui espéraient un retour à droite toute du candidat de l’UDF en sont, aujourd’hui, pour leur frais. Bayrou chasse sur les terres du PS et ça déroute, ça déconcerte, ça rend perplexe. Les frontières ne sont plus si claires que ça.
Alors tout est bon pour ne pas s’égarer, jusqu’à souhaiter pour le PS de revenir à un schéma plus ancien du paysage politique. Avec un machiavélisme tout mitterrandien et nauséabond, Hollande précisa ainsi, il y a quelques jours, que Le Pen était l’unique troisième homme de cette campagne.
Quoi de plus rassurant pour le PS que de regarder en arrière et de souhaiter l’articulation simpliste de notre société autour de deux grands partis traditionnels ? Au moins là , on sait où on va...
http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/228596.FR.php
http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/236687.FR.php
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-858581@51-829464,0.html
http://www.presidentielles.net/mllecanarde/index.php?2007/02/22/36-quitte-ou-double
- - - - - -
ed
a dit à 01:45
23 / 02 / 2007