Cette semaine fut riche en coups de semonce médiatique. Les présidentielles prennent un cap difficile : les affaires immobilières des candidats et les parrainages douteux rendent encore plus criante l’absence de débat de fond. Bref, le spectacle a commencé. Et Jean Baudrillard de profiter de ce foutoir pour tirer sa révérence.
Comme on rappellera à l’enfant, la larme à l’œil, que l’on a connu ces temps de dissidence où boire un coup et fumer faisaient partie du quotidien, on radotera aussi qu’il y eut un temps où les hommes et femmes politiques passaient dans des émissions qui n’étaient pas de divertissement.
Dans ce présent perpétuel, on a déjà oublié le grand cirque médiatico-politico-démaguo de TF1, J’ai une question à vous poser. C’était sans compter sur Canal plus et son Grand Journal. Hier, ce fut à Ségolène Royal d’y sévir, après les performances de Bayrou de Sarkozy. Entre le sieur Beigbeder et l’indéfinissable Ariane Massenet, une invitée vidée de toute moelle politique.
Baudrillard aurait, en d’autres temps, évoqué la surmultiplication des signes et de l’information, la perte de sens. Bref, il aurait fait son boulot de philosophe et dénoncé le simulacre inhérent à la société médiatique.
Mais il n’est pas certain que son modèle philosophique aurait pu s’appliquer à la situation en cours, tant les signifiés et les signifiants se sont dissous dans une sorte de béatitude médiatique. Plus proche des effets psychiques d’un pétard devant M6 que d’un sentiment de complot organisé.
Qu’avons-nous eu cette semaine ? Une vile stratégie du ministère de l’Intérieur pour parrainer Le Pen sous couvert de démocratie. Des affaires qui auto-alimentent le sérail politique. Un PS et une UMP angoissés qui tirent à vue sur l’épouvantail Bayrou. Et une présence quasi simultanée des candidats au Salon de l’Agriculture et au chevet d’Airbus. Pour finalement ne rien dire, l’essentiel étant d’être là , ou ailleurs.
A croire que le vote n’a plus pour eux ni valeur d’échange, ni valeur d’usage. Ils ont oublié que le vote est constitutif de leur présence. Il y a là une perte de symbole du vote, qui ne fait paradoxalement plus signe dans ces temps de campagne acharnée : il s’est noyé dans l’eau trouble des sondages. L’amnésie gagne les candidats. Souvenons-nous en à chaque instant : leur mission est d’intérêt public. Il y avait à l’origine un contrat social.
Au lieu de taper sur Bayrou, ses adversaires devraient au moins considérer sa méthode. Simulacre, simulation, sincérité ? Difficile de connaître la vérité du candidat UDF. Mais ce qui plaît tant aux Français, c’est qu’il ne joue pas le jeu, pour le moment, du consensus mou et médiatique. Il donne cette impression d’avoir un minimum d’honnêteté et de bon sens. Il montre des signes de bonne volonté au peuple français, et ça marche.
De là à en faire une troisième voie, c’est une autre histoire… Il reste encore quelques semaines dans cette campagne, on peut espérer qu’elle prenne une tournure un peu plus sérieuse. N’oublions pas que même Jean Baudrillard, grand pessimiste sur le sujet, avait créé une revue nommée Utopie.
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arthur_monin
a dit à 12:24
09 / 03 / 2007
JEAN-LUC
a dit à 16:12
09 / 03 / 2007
orad
a dit à 03:06
10 / 03 / 2007
arthur_monin
a dit à 21:14
10 / 03 / 2007
SULLIDE
a dit à 21:44
28 / 04 / 2007