Les législatives se présentent sous les meilleures auspices pour la droite, et la gauche et l'UDF ont beau jeu de dénoncer le risque de "la tentation du pouvoir absolu" pour Nicolas Sarkozy, qui se retrouverait avec son camp, aux commandes de toutes les manettes de l'Etat (Elysée, Matignon, CSA, Conseil constitutionnel, Sénat, etc). Le candidat UMP, encouragé par son large score du 6 mai, se retrouverait en effet alors fort d'une large majorité àl'Assemblée pour appliquer un programme de droite "décomplexée", sur un modèle àl'anglo-saxonne, tel que le pronostiquent un certain nombre d'économistes. Et un certain nombre d'associations et de syndicats multiplient donc aujourd'hui les mises en garde contre une régression des libertés et des droits sociaux au cours de ce quinquennat. Une large victoire de l'UMP en juin prochain est en effet très probable ; les Français n'ayant jamais conduit une majorité différente de celle du président fraîchement élu, àdes élections législatives se déroulant dans la foulée d'un scrutin élyséen.
Limiter les dégâtsPour autant, la gauche n'a pas disparu et la défaite n'est pas cuisante. Quelque 17 millions d'électeurs se sont mobilisés, certes en grande partie inquiets de la perspective d'un quinquennat de droite. Mais Nicolas Sarkozy, qui dit "vouloir rassembler" et "aimer tous les Français" doit constamment garder àl'esprit que ces millions d'électeurs ont rejetté sa candidature. Le PS conserve une partie de ses bastions (notamment dans les classes moyennes, et dans le secteur public, où Ségolène Royal est très largement majoritaire). Tout l'enjeu dans les prochaines semaines sera pour le PS de se mobiliser, pour limiter les dégâts aux législatives afin de constituer un véritable contre-pouvoir dans l'opposition, en attendant de travailler àcette refondation que la candidate a appelé de ses voeux au soir du second tour. Quant àsavoir de quelle nature sera ce virage socialiste (àgauche ? àdroite ? de l'extrême-gauche au centre ?) dans les prochaines années, tout dépendra évidemment de la personnalité qui réussira às'imposer pour la conduire. Et ce n'est rien de dire que cette lutte interne va être serrée : Ségolène Royal s'offrant aux militants en symbole de cette "mutation", Fabius voulant tirer vers la gauche, DSK adepte de la "social démocratie" le visage fermé au soir des résultats, lançant, lugubre "l'heure est grave".
Une chance pour la gauche ?Certainement, une page se tourne. D'abord pour la gauche, qui doit nécessairement évoluer, alors que les Français l'écartent de la présidence pour la troisième fois consécutive. Mais cette défaite offre l'opportunité de ce changement, et en souligne l'urgence, s'il en était besoin. Et comme le note même paradoxalement le politologue àl'Ecole des hautes études en sciences sociales Christophe Prochasson, ce scrutin pourrait être un "petit miracle" : "Ségolène Royal a joué le 6 mai un jeu exactement contraire àcelui de Lionel Jospin en 2002. Elle occupe le terrain, promet de rester àla barre, dit sa conviction qu’il ne faut pas désarmer, que le chemin reste long, mais qu’une étape, déjà, a été franchie. Et les militants présents semblent euphoriques, malgré la défaite : pas de larmes ni de visages fermés. La victoire de Nicolas Sarkozy est nette, mais la casse est limitée au parti socialiste. C’est un petit miracle, vu le faible résultat de la gauche dans son ensemble au premier tour et les conditions acrobatiques dans lesquelles Ségolène Royal a engagé la transition de son camp vers la modernité". Et selon lui, cette évolution, déjàopérée par les autres partis socialistes européens, doit consister pour le PS à"développer une doctrine personnelle, une analyse propre de la société", ce qu'il n'avait pas réalisé jusqu'alors, pour ne pas abandonner au PC tout l’héritage de la gauche.
La fin d'un cyclePour le reste du paysage politique français, une page aussi se tourne : le FN a réalisé un mauvais score et son chef est vieillissant, François Bayrou et son écurie UDF est bien isolé aujourd'hui. l'extrême-gauche est àun étiage bas (et Arlette s'en va), le PC est sous perfusion. Et pour le politologue Eric Dupin, auteur de l'ouvrage "A droite toute", "le 6 mai 2007 marque une rupture dans l’histoire électorale française. La large victoire de Nicolas Sarkozy clôt le cycle ouvert avec la conquête de l’Elysée par François Mitterrand le 10 mai 1981. Pour la première fois depuis une trentaine d’années, le camp sortant est renforcé àl’issue d’une élection dévolutrice du pouvoir national (scrutin présidentiel ou législatif, àl’exception de ceux qui se sont déroulés dans la foulée d’une compétition élyséenne). La France a changé de couleur politique en 1981, 1986, 1988, 1993, 1997 et 2002". Et les Français ont aujourd'hui arrêté ce yo-yo gauche droite en maintenant un camp sur un programme plus droitier encore.
Napoléon le petitPour la droite aussi, c'est un virage. Est-ce pour autant "le triomphe du bonapartisme" avec l'arrivée de Napoléon le petit, comme théorise l'historien Paul Allies dans Libération ? Nicolas Sarkozy a en tous cas clairement joué la rupture avec le président sortant, et doit probablement une partie de sa victoire àcette orientation. Car après douze ans de Chirac, les Français sont visiblement plus inquiets que jamais pour leur avenir économique, s'ils sont misé en majorité sur un candidat qui prône "le dynamisme" mais au risque d'une société plus inégalitaire. Et ce n'est rien de dire que celui qui a échoué àréduire la "fracture sociale" comme promis en 1995, suscitant tant d'espoirs, part aujourd'hui sur la pointe des pieds dans l'indifférence. Au soir du second tour, aucun des candidats n'a même prononcé son nom.
- "Avec Nicolas Sarkozy, on entre dans une société plus inégalitaire" (Analyse d'un économiste dans Le Monde)
- "Nouvelle nuit chaude en France" (Le Figaro)
- "Un PS renouvellé pourrait occuper un large espace de Besancenot àBayrou" (Libération)
- "M. Bayrou met en garde Nicolas Sarkozy contre la tentation du pouvoir absolu" (Vidéo Le Monde.fr)
- "Le triomphe du bonapartisme" (Interview d'un historien dans Libération)
- "Le Ps n'échappera pas àune refondation" (Chat Le Monde.fr)
- "Ce scrutin est un petit miracle pour la gauche" (Télérama)
- "Le 6 mai 2007 clôt le cycle électoral ouvert le 10 mai 1981" (Analyse du politologue Eric Dupin)
- "Analyse sur l'opposition et les législatives" (Blog de Jean-Michel Apathie)
- "Et si on commençait par ne pas le regarder sur son yacht ?" (Big bang blog)
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Française
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mardi 8 mai 2007
napo95
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jeudi 10 mai 2007
Qui©he
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vendredi 11 mai 2007