Chaque jour Ségolène Royal se fait distancer par Sarkozy et rattraper par Bayrou. Coincée entre ces deux challengers, la candidate pleine de « désirs d’avenir » n’arrive pas à faire décoller sa campagne.
Libération s’interroge, Les Inrocks volent à sa rescousse mais l’ambiance n’est guère à la fête pour la candidate socialiste. Malgré le soutien d’une bonne partie du people land théatro-cinématographique, Ségolène Royal est de moins en moins sûre d’être présente au second tour.
Oubliés les sondages qui la mettaient en tête des prétendants à l’Elysée. Mise en cause assez stupidement sur ses compétences, elle avait pourtant réussi, contre vents et marées, à imposer le processus du débat participatif avec un certain succès. Bien sûr, la méthode n’avait rien de bien excitant pour les médias. Difficile alors pour eux d’en rendre compte positivement.
Le problème de Royal est peut-être aussi de trouver le ton juste. Il faut dire que ces manières de « mère patrie » peuvent agacer. Elle n’arrive guère également à dissimuler ce côté maitresse d’école un peu sévère. Cela en ravit certains mais, dans l’ensemble, la candidate socialiste donne l’impression de rester collée au pupitre.
Enfin, elle joue contre nature. Son virage à gauche afin de se démarquer de ses adversaires, comme le retour de la vieille garde du PS, sont de terribles erreurs.
Premièrement, elle va à l’encontre de ses convictions, ensuite elle s’enferme dans le piège de l’appareil socialiste. Symboliquement, s’accorder les faveurs d’un Jospin terrassé par une veste présidentielle, dont il ne s’est jamais remis, confine encore plus au ridicule quand on sait à quel point il la déteste.
Ségolène Royal n’est pas socialiste. Tant qu’elle affichait cette étiquette, en disant vouloir réformer, elle a eu le vent en poupe. Mais au lieu de mettre en avant une jeune garde, elle préfère sanctionner Montebourg pour une bourde et réintégrer tous ses faux amis.
Le problème de Royal est le parti socialiste. Sachant qu’elle est idéologiquement plus proche d’une social-démocratie chrétienne, le bon peuple lui préfère logiquement aujourd’hui un original qui ne transige pas : François Bayrou.
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Il serait dérisoire d’être nostalgique d’une époque meilleure, en tout cas pour un Français. Depuis plus d’un siècle, les chiffres sont là pour le confirmer : espérance de vie en hausse, violences moindres, progrès sociaux considérables. Malheureusement, il n’y a pas que les chiffres pour radiographier le progrès.
On confond souvent, et c’est de bonne guerre, la focalisation médiatique qui distord la réalité avec le réel d’une situation. Ce sentiment de terreur imposé par le traitement des médias du phénomène de l’insécurité en était l’un des symptômes lors des élections de 2002. Il y en a d’autres à l’œuvre.
A cette époque on a tenté de nous faire croire que nous vivions une ère de violence inouïe, alors que jamais le nombre d’homicides ne fut aussi bas. Rien d’illogique : il s’agit d’une stratégie vieille comme L'Art de la Guerre de Sun Tzu (IVè siècle avant JC) pour détourner le regard de ce qui pourrait réellement inquiéter. En l’occurrence, la violence était plutôt à chercher du côté des taux de suicides et d’une France qui tourne aux cachets d’anxiolytiques.
Mais encore une fois, en règle générale, les statistiques attestent d’un mieux vivre. Cette progression est toutefois à nuancer dès lors que les chiffres laissent place au langage.
Qui ne se souvient pas avoir frissonné d’indignation à la lecture de Georges Orwell, passage obligé des programmes scolaires d’alors. Le célèbre 1984 : Big Brother, la surveillance généralisée – et cette compréhension immédiate de la liberté comme valeur essentielle de tout individu.
Orwell démontrait que le langage était une composante fondamentale de la liberté et qu’un pays totalitaire commençait par renommer, interdire, créer des nouvelles formules. Que la destruction du langage par son appauvrissement ou son contrôle était l’anéantissement de tout embryon de pensée et de critique.
Depuis nous avons digéré certains principes, des évidences imposées, trop rapides et massives pour y réfléchir tranquillement. Depuis l’omniprésence des caméras de surveillance n’est plus un problème : puisqu’il y a danger, régulons le trafic. Faut que ça aille vite. Depuis Le Pen est devenu légitime. L’extrême droite, la droite extrême, on ne sait plus trop, pas le temps de s’arrêter. Les noms, les titres, les propositions se transforment parfois en nomenclatures, comme autant de lames rouillées qui n’arrivent plus à soulever le couvercle des débats de fond. Depuis, on nous a proposé le Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale.
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