Le scrutin majoritaire à deux tours favorise le pluralisme politique et la représentativité démocratique. Mais quand les deux grands partis se font rattraper par Le Pen comme en 2002 ou Bayrou maintenant, quid de cette organisation de l’élection présidentielle ?
Nicolas Sarkozy, en tête de tous les sondages depuis des mois, n’en dort plus. Il sait qu’au premier tour les Français choisissent et qu’au second ils éliminent. Et en même temps il y a, par rapport à 2002, près de deux millions d’inscrits supplémentaires sur les listes. Le candidat UMP sait aussi que les sondages ne prédisent pas l’avenir. La peur d’un sort à la Balladur ne le quitte plus. La chute est possible, et la surprise est envisageable tant les intentions de vote des Français sont insondables. Et pour se rassurer, le candidat rêve d’un régime présidentiel fort, à un tour, ou il serait enfin seul.
Ségolène Royale, pasionaria du « gagnant-gagnant », un peu gnangnan, n’aura jamais réussi dans cette campagne à revêtir la robe de l’alternative à la droite. Ecartelée mentalement dans son programme entre « ordre juste » et socialisme, emmêlée dans ses propres contradictions, elle joue aujourd’hui avec Hollande, la carte du vote utile. Obéissant, faute de mieux à la logique bipartisane, ses électeurs pourraient voter PS dès le premier tour, dans l’idée d’un : « tout sauf Sarko ».
Jean-Marie Le Pen pérennise cette logique. Après avoir été l’épouvantail de Mitterrand, il est le paillasson de Sarkozy. Un levier à abaisser en cas de rejet du système ou de manque de confiance dans l’UMP et le PS. Son actuelle mise en avant dans les sondages stigmatise, pourtant, comme une piqûre de rappel, qu’en France, il n’y a que deux partis possibles pour gouverner.
François Bayrou est, semble-t-il, le quatrième homme. A 20 % dans les sondages, il est le révélateur qu’une partie conséquente des Français ne veulent plus de ce schéma bipolaire, ou du moins de ses acteurs. Dans ce contexte, il est considéré par les partis traditionnels et certains observateurs politiques comme encore plus dangereux que Le Pen pour la stabilité du régime.
Notons qu’aucun de ces candidats n’est parvenu à capter l’attention des Français dans leur majorité. L’indécision n’a jamais était aussi forte. Et cette donnée, seule, peut être tenue pour acquise.





