Jean-Marie Le Pen a échoué. Son plus beau coup est désormais derrière lui, et la carrière dont il avait rêvé àses débuts ne s'est jamais construite. Car celui qui se place en candidat "anti-establishment", n'a jamais rêvé que d'une chose : faire partie du système et devenir un notable. Et malgré ses appels du pied répétés en début de carrière àla droite républicaine, il n'est toujours resté que le réceptacle des rancoeurs françaises et des protestataires de tout poil. Si Chirac reste "son meilleur ennemi", c'est que le président longtemps leader de la droite, n'a jamais voulu lui tendre la main et l'introduire dans le sérail. Las, le leader frontiste a donc joué la carte du candidat anti-système, sachant qu’il n’aurait jamais de chances d’être élu. Certes, il a marqué l’opinion nationale et internationale en figurant au second tour, écornant par làmême l’imagerie, désormais d'Epinal, de la France-pays-des-droits-de-l’homme, mais quel bilan pour le vieux leader frontiste ? Aucun.
Solide assisePour autant, Jean-Marie Le Pen n'est pas enterré. Conscient d'avoir une assise politique certaine, le président du FN peut se prédire légitimement des lendemains qui chantent un peu. Car si l'on regarde les sondages avec un minimum d'analyse, force est de constater que celui qui a changé son prénom pour faire "plus catho" a forcément plus de voix que ce que lui prédisent les sondeurs. Le Pen à12, 13 % ? Sachant que près de 30 % des Français sont injoignables (les sondeurs appellent leurs sondés de téléphones fixes), sachant que si, certes, un tabou a été levé le 21 avril 2002, avouer son vote reste difficile, sachant que les catégories les plus insondables (ouvriers, catégories modestes) sont précisément les plus àmême de voter pour lui, sachant que le vote FN s'amplifie en fin de campagne, sachant que la "défiance" envers les partis est au coeur des préoccupations des votants...De plus, le leader FN peut d'ores et déjàse targuer de 5 millions d'électeurs. La proportion d'indécis est au sein de son électorat, la plus faible, contrairement àFrançois Bayrou par exemple...
Et que penser de ces changements stratégiques du président du FN ? Il police aujourd'hui son discours vis-à-vis de Nicolas Sarkozy et repousse encore l'horizon de sa succession. Signes évidents qu'il ne veut pas lâcher la rampe, et que son "meilleur ennemi", Chirac, avait raison quand il analysait que le parti disparaîtrait avec son chef. Il faut rester dans le champ, pour exister, et exister électoralement est possible. Le débat français sur la fin de vie n'est pas terminé.
- "Le Pen n'exclut pas une sixième présidentielle" (Libération)
- "Le Front national tempère ses critiques contre Nicolas Sarkozy" (Le Figaro)
- "Ségolène Royal agite le spectre du 21 avril" (Le Nouvel Obs)
- "Qui vote FN ? Hopla ! Tout le monde dit que c'est l'autre" (Le Monde)
- "La défiance politique, enjeu crucial de 2007" (analyse de Jérôme Jaffré)
- "Le paradoxe Le Pen" (analyse du Cevipof)
- "Liste des parrainages du FN en 2002" (Réseau Voltaire)
- "Les hésitations des électeurs, candidat par candidat" (Le Monde)






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