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jeudi 5 avril 2007
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LA PLACE DU MORT

Si l'on glose, à l'envi et au gré des sondages, sur la composition et l'ordre du tiercé du 22 avril, il ne faut pas oublier que le candidat arrivé effectivement 3ème verra sa carrière sérieusement compromise. Car la quasi totalité des politiques un jour "médaillés de bronze" à la présidentielle ne s'en sont jamais remis.

Dura lex, sed lex...La règle du jeu électoral est stricte, scrutin majoritaire oblige : il n'y a que deux places en finale. L'on aura beau épiloguer, jusqu'au premier tour, sur le "suspense" de cette élection présidentielle, puisque quatre candidats (Sarkozy, Royal, Bayrou et Le Pen) se tiennent au coude-à-coude, il y aura forcément -si l'on peut se permettre cette lapalissade- un 3ème..! Et si proche soit-il alors, à l'issue du premier tour, du duo des qualifiés (Jospin n'avait "que" 190 000 voix de moins que Le Pen en 2002, soit la population d'un petit arrondissement de Paris), ce candidat devra se soustraire, s'il aspire encore malgré tout à un destin national, à la malédiction qui semble peser sur tous les "médaillés de bronze" depuis 1965...Petit flash-back historique.

Le début de la fin

2002 : un "coup de tonnerre". "Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conséquences en me retirant de la vie politique", déclare alors Jospin devant un auditoire de militants effondrés. Si les électeurs ont tous gardé en mémoire ces images, ils ont également été témoins des efforts laborieux de l'ancien premier ministre pour revenir depuis sur le devant de la scène, jusqu'à ses atermoiements lors de la primaire interne du PS, dont est sortie gagnante Ségolène Royal. 1995 : c'est Balladur qui endosse le costume du 3ème homme, avec près de 19% des voix. S'il lance son fameux "je vous demande de vous arrêter" à la cantonade RPR, il semble également que sa carrière nationale se soit elle aussi arrêtée ce soir-là...1988 : Raymond Barre est le 3ème cheval du tiercé. Dès lors, le "meilleur économiste de France", selon VGE, auquel même Mitterrand prédisait un destin hexagonal, disparaît en coulisses. 1974 : Jacques Chaban-Delmas, fort de son passage à Matignon, maintient sa candidature malgré celle de Giscard. Chirac jouera les tueurs à gages, en noyautant la campagne de Chaban, si bien que François Giroud lancera le fameux : "on ne tire pas sur une ambulance"...Résultats du 1er tour : 43% pour Mitterrand, 32% pour Giscard et...15% pour Chaban, qui partira finir sa carrière à la mairie de Bordeaux. En 1969, les deux finalistes sont suivis du communiste Jacques Duclos, à 21%. Score historique, mais début de la fin pour le PCF, qui va connaître une irrésitible érosion électorale, jusqu'aux 3% de Robert Hue, lors du dernier scrutin...Enfin, 1965 voit la disqualification, sur la dernière marche du podium, du centriste Jean Lecanuet, dont on ne retient aujourd'hui que l'éclatante dentition qui lui a valu son surnom de "Kennedy français"...

Techniques de survie

Quel avenir envisager pour celui, ou celle, qui ne pourra, de peu certainement, concourir le 6 mai ? Si la gauche, comme en 2002, n'est pas présente au second tour, il n'est pas absurde d'avancer que les ambitions élyséennes de Ségolène Royal soient alors à jamais compromises. Le PS pourrait imploser, et elle ne serait, de loin, pas la mieux placée pour en conduire la reconstruction en vue de 2012. Force est de constater, s'il en était encore besoin après cette campagne, qu'elle n'a jamais été une femme "d'appareil", rompue aux querelles de courants, et certains poids lourds socialistes (au premier rang desquels DSK) retrouveraient, avec cet échec, la liberté de bâtir le parti de "gauche moderne" qu'ils rêvent de diriger. En revanche, si François Bayrou échoue dans son entreprise, sa survie politique dépendra de sa capacité à garder un groupe parlementaire à l'Assemblée (il faut au moins 20 députés), et à maintenir soudée son écurie présidentielle, l'UDF, pour la prochaine compétition. Présent dans le trio de tête, Le Pen, sachant pourtant pertinemment impossible toute victoire, pourrait pour sa part ne pas lâcher la rampe, tant lui est difficile l'adoubement d'un dauphin, et se contenter de vivoter en éructant contre "l'establishment". Enfin, l'absence de Nicolas Sarkozy le 6 mai pourrait-elle marquer la fin de son rêve présidentiel ? Même si cette hypothèse hautement improbable se produisait, et que la gauche gagnait, le candidat UMP resterait maître du premier parti de France en nombre de militants, et puissant chef d'opposition. Et nul doute qu'il songerait au parcours du seul homme arrivé un jour 3ème dans la course, mais s'en étant plutôt bien remis par la suite...C'était en 1981, et il s'appelait Jacques Chirac.