L'annuaire des séries télé visionnables en streaming sur internet
mardi 3 avril 2007
3 commentaires

LE DROIT DE SAVOIR

Soucieux de ne perdre aucune voix et de garder jusqu'au bout la main sur leurs équipes, les candidats se gardent bien de faire campagne à l'américaine, en formant un "ticket" avec un premier ministrable. Mais n'est-il pas légitime que les Français connaissent à l'avance leur futur chef de gouvernement ?

Les Français auraient-ils cru si nombreux à la volonté de Jacques Chirac de réduire la fracture sociale en 1995 s'ils avaient su qu'il nommerait un peu plus tard à Matignon le "très droit dans ses bottes" Alain Juppé ? Auraient-ils voté en masse en 2002, à gauche comme à droite, pour l'actuel président s'ils avaient su qu'il irait chercher un illustre inconnu, libéral de surcroît, Jean-Pierre Raffarin, après avoir prétendument entendu le message d'union nationale envoyé par les urnes ? Est-il incongru d'exiger, par avance, des candidats la composition du gouvernement qui sera chargé d'appliquer leur programme ? En fait, les raisons qui poussent les prétendants à l'Elysée à garder le silence sur l'identité de leur future équipe sont multiples, et tiennent tout autant à la dynamique de campagne, qu'à l'évolution des institutions, et bien sûr, plus officieusement, aux stratégies internes des QG.

De l'intérêt des "fuites"

Inévitablement, quelques rumeurs filtrent. Les noms de Jean-Marc Ayrault ou Michel Sapin (un proche de François Hollande) circulent dans le camp socialiste, François Bayrou dit rêver d'un "Delors en plus jeune" et esquisse l'arrivée de membres de la société civile, on évoque pour Sarkozy les hypothèses Fillon, Alliot-Marie, ou encore, ces derniers jours, Jean-Louis Borloo. Mais les candidats se gardent bien d'adouber tel ou tel. En campagne, les fuites peuvent servir à tester une option dans l'opinion, et le flou artistique permet à un challenger de ne pas se mettre à dos ceux qui seraient certains, dans le cas contraire, de ne plus rien devoir espérer. Le fait que Jean-Marie Le Pen soit le seul candidat ayant désigné quasi-officiellement son chef de gouvernement, Bruno Gollnisch, va d'ailleurs dans le sens de la démonstration. Le leader frontiste sait bien qu'il n'a aucune chance d'accéder un jour à l'Elysée et que cette annonce n'aura pas d'impact sur son électorat.

La solitude du leader

Plus généralement, selon la tradition gaullienne, la présidentielle verrait la rencontre entre un homme et un peuple, et la "solitude" en temps de campagne créerait le climat nécessaire à la transformation d'un candidat en homme d'Etat. Les partisans de la réforme des institutions soulignent néanmoins que la relégation au second plan du premier ministre constitue une dérive monarchique de la Ve République. En effet, en droit constitutionnel strict, les institutions françaises ne sont pas organisées selon un régime présidentiel (comme aux Etats-Unis), mais selon un régime parlementaire, où le gouvernement est responsable devant le Parlement. Selon la Constitution, stricto sensu, c'est le gouvernement qui conduit "la politique de la nation" et non le chef de l'Etat, qui endosse le rôle de gardien des institutions. Seulement, hors période de cohabitation, le premier ministre court le risque de n'être que le premier des ministres, le "serviteur du prince". En gagnant en duo, il verrait sa légitimité renforcée, le préservant du risque d'être un jour acculé à la démission.

Le retour des "juppettes?"

Bien que décidés à garder le secret, les trois grands candidats, Sarkozy, Royal et Bayrou multiplient quand même les effets d'annonces, et promettent des équipes "nouvelles", "compétentes"...(Pour le scoop, on repassera...qui annoncerait la nomination d'un gouvernement constitué de barbons incapables ?). La candidate socialiste et son rival UMP brandissent tous deux l'étendard de la parité : n'y voyons surtout pas une promesse démagogique ou le possible retour des "juppettes", ces nombreuses femmes entrées au gouvernement Juppé et passées à la trappe quelques semaines plus tard seulement. Il semble néanmoins que dans cette élection présidentielle, le risque existe pour les candidats d'apparaître trop isolés. Dans quelle mesure les non-ralliements de DSK ou Borloo à la candidature de Bayrou peuvent-ils expliquer son tassement dans les sondages ? Les difficultés de Ségolène Royal à gérer le troupeau des éléphants lui coûteront-elles au final ? Peu de chance que les principaux concurrents prennent le risque de lever le voile avant le premier tour. Tous, chantres du concept flou "d'ouverture", gardent en mémoire la devise mitterrandienne : "on ne sort de l'ambiguité qu'à son détriment"...

 

 

maxsahen
a dit à
mardi 3 avril 2007

"on ne sort de l'ambiguité qu'à son détriment"... Voilà qui évoque justement ce dont beaucoup ne veulent plus en politique, de la tactique, du flou, de l'insondable...
"Qui se sait profond tend vers la clarté; qui veut le paraître vers l'obscurité ; car la foule tient pour profond tout ce dont elle ne peut voir le fond." Friedrich Nietzsche.

 

Mlle Canarde
a dit à
mardi 3 avril 2007

Certes, mais Tocqueville écrivait aussi : "Une nation fatiguée de longs débats consent volontiers qu'on la dupe, à condition qu'on la repose"...

 

Anacharsis
a dit à
mercredi 11 avril 2007

Notre constitution,d'inspiration monarcho-bonapartiste, appliquée à la suite d'un coup d'état, est un chef d'oeuvre. Elle représente un "moment" historique. Le replâtrage des moments historiques,depuis 1962, présente le même intérêt que le ravalement des monuments historiques. C'est bien, mais l'édifice est à classer.. Vive la IX° République, car la VI° est déjà largement dépassée!