L'insécurité a disparu en France. C'est en tout cas l'étrange impression que l'on peut ressentir en se remémorant la précédente élection présidentielle, où ce sujet avait phagocyté les programmes de campagne et confisqué le débat de société, que chaque échéance majeure pour le pays est censée provoquer. Après le déferlement médiatique de 2002, le créneau ne semble plus porteur pour les prétendants àl'Elysée. Exit donc, tous palabres en la matière. Même les récents affrontements àla Gare du Nord, s'ils entraînent, certes, réactions et controverses politiques, ne suffisent àdicter un ordre du jour dominant, un refrain que reprendraient en choeur médias et candidats. Pourtant, une coutume semblait se dessiner : chaque présidentielle aurait son "étiquette", une mono-thématique qui se révèle, a posteriori, être celle développée et arborée par le vainqueur. La "nouvelle société" giscardienne en 1974, le modèle socialiste en 1981, la "France unie" en 1988, la "fracture sociale" en 1995, l'insécurité en 2002...Et aujourd'hui ? Nulle "étiquette" ou indice susceptible de donner un pronostic sur le gagnant de la course àla présidence.
Anxiogène atonieLes "grands" candidats refusent de débattre, arguant àjuste titre, mais bien opportunément qu'àdouze, avec les contraintes égalitaires qu'impose le CSA en campagne officielle, les discours seraient inaudibles. Résolus en fait àne pas se mêler àla masse des "petits" et àpréserver leur statut de "vrai" présidentiable, ils se réservent donc pour le second tour. Conscients qu'un mot malheureux, un dérapage, peut coûter très cher, (souvenons-nous du "vieilli, usé, fatigué" assené par Jospin àChirac et de ses difficultés àse rattraper...combien des 194 601 voix qui lui ont cruellement manqué pour dépasser Le Pen a-t-il perdu dans cette polémique ?), les principaux concurrents ne veulent prendre aucun risque majeur quant àleur qualification en finale. Le traitement des grandes questions nationales semble donc réduit àla portion congrue. Pourtant, paradoxalement, cette élection 2007 passionne les Français, lorsque la précédente avait plongé l'Hexagone dans un anxiogène engourdissement.
Climat délétèreBye-bye donc les surenchères sur l'insécurité. Les faits divers ne représentent plus que 4 à5% des sujets traités par les JT, quand ils monopolisaient en 2002 l'agenda médiatique. Même Le Pen met la pédale douce en la matière, tout àla joie de se glorifier de la "lepénisation" des esprits, laissant le sujet aux autres, tant l'actualité en 2002 avait oeuvré en son sens, sans qu'il n'ait àen rajouter. Pourtant, les ingrédients sont encore réunis pour que ré-émerge l'insécurité comme enjeu de campagne, avec un candidat en tête des sondages fraîchement échappé du ministère de l'Intérieur, et la multiplication actuelle des débordements policiers. Les compétiteurs préfèrent aujourd'hui parler, àla rigueur, d'insécurité sociale, de précarité économique (rien d'étonnant, quand les enquêtes d'opinion qui pleuvent dans les QG montrent que le chômage et le pouvoir d'achat sont les préoccupations majeures des Français), mais la campagne reste encore et toujours noyautée par les petites phrases et les attaques personnelles. Engagés sur ce terrrain glissant, les candidats ne réussissent pas àtraiter des enjeux essentiels pour le pays. Et dans ce climat délétère de défiance et d'indécision sur l'issue du scrutin, tous les dérapages sont àcraindre.
- "Les effets de l'information télévisée sur les préoccupations des électeurs" (Enquête Cevipof)
- "L'insécurité, enjeu de campagne ?" (Interview d'un chercheur au CNRS par La Sofrès)
- "Analyse du traitement médiatique de l'insécurité" (Blog d'un spécialiste des médias)
- "Les émeutes de la Gare du Nord enflamment la campagne" (Le Figaro)
- "La poussée du sentiment d'insécurité est peu probable" (Interview d'un sociologue dans Libé)
- Les discours des politiques sur l'insécurité (Blog d'un linguiste)
- "2002-2007 : le 20h et la présidentielle. Traitement médiatique de l'insécurité" (Vidéo Arrêt sur images sur France 5)
- "Réactions politiques aux affrontements Gare du Nord" (Le Monde)
- Statistiques officielles de la criminalité (Site du Ministère de l'Intérieur)
- Programmes des candidats en matière de justice et de sécurité (Synthèse LeMonde.fr)






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vendredi 30 mars 2007
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