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mardi 27 mars 2007
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LES JEUNES, DERNIER BASTION PS ?

Artisans des victoires de Mitterrand et de celle de Chirac en 1995, les 18-24 ans ont contribué par leur abstention à la défaite de Jospin et à la percée lepéniste en 2002. Qui séduit aujourd'hui ces électeurs plus volatils et plus à gauche que leurs aînés, mais tout autant passionnés par la campagne ?

Zénith de 10 000 militants pour Nicolas Sarkozy, parlant ensuite de "oinj" sur Skyrock, Ségolène Royal citant Jamel et Diam's sur son Skyblog après un passage au congrès de L'Unef, comme les autres candidats de gauche, visite-marathon au Salon de l'étudiant pour François Bayrou...l'opération séduction des jeunes reste un passage obligé pour tout présidentiable. Représentant environ 13 % de l'électorat, les 18-24 ans ont longtemps été acquis à la gauche, et les récentes enquêtes montrent que leur préférence va pour l'heure clairement à Ségolène Royal (34% des intentions de vote) devant Nicolas Sarkozy (22 %), et François Bayrou (20 %). Mais adhésion aux idées, ne veut pas dire mobilisation. Car s'ils apparaissent plus à gauche que l'ensemble des Français, les lycéens majeurs et étudiants présentent une propension à l'abstention plus élevée, pesant par là-même sur l'issue du scrutin. Ils ont ainsi apporté leurs votes à François Mitterrand en 1981 et 1988, puis à Chirac en 1995, sensibilisés par la thématique de la fracture sociale. Néanmoins, leur désertion des isoloirs au premier tour en 2002 a donné cet étonnant quarté de candidats pour les 18-24 ans: Le Pen en tête à 20 % (3 points de plus que l'ensemble des Français), 12% (!) pour Jospin, 11% pour Mamère et 10% pour Chirac. L'enjeu donc pour les candidats est certes de séduire, mais surtout de traduire les sensibilités partisanes par des bulletins de vote...

Pas dépolitisés

Abstention ne signifie pas dépolitisation : l'importance des manifestations lors de la crise du CPE offre un exemple en ce sens. Mais ce type de mouvement protestataire témoigne plus d'une aptitude des jeunes à se mobiliser sur des enjeux ponctuels plus de que se déplacer régulièrement dans les bureaux de vote (cf l'abstention record aux dernières législatives). Ainsi, si l'on a pu penser que le séisme du 21 avril 2002, où les jeunes avaient manifesté en masse, marquerait une repolitisation importante de cette tranche d'âge, il semble que le mouvement ne se soit que faiblement perennisé. Après avoir poussé la porte des partis, beaucoup de jeunes ne sont pas revenus, moins rompus qu'ils sont aux formes traditionnelles de militantisme. (Par exemple, la moyenne d'âge des nouveaux inscrits au PS ces derniers mois est de 43 ans, et la quasi totalité d'entre eux avaient déjà adhéré à un parti ou à une organisation syndicale : pas vraiment de jeunes bacheliers faisant leur baptême politique...).

Affectivité et autorité

Pour autant, la "planète jeune" ne constitue pas un ensemble homogène : le niveau de diplôme constitue un critère d'affiliation partisane, séparant un bloc scolarisé, plus proche de la gauche, et une jeunesse déjà au travail favorisant plutôt les candidats de droite. Point commun de ces électeurs, leurs préoccupations globales ont changé et se sont progressivement rapprochées de celles de leurs parents : emploi, logement, sécurité. Certes, ils restent plus sensibles à l'image des candidats et fonctionnent plus à "l'affectif" que le reste de la population (d'où l'engouement pour Ségolène Royal, plus rassurante que Nicolas Sarkozy) mais une intéressante enquête d'IPOS sur quelques thèmes controversés montre qu'à "la tolérance culturelle se mêle aujourd'hui à une attente de retour d'autorité". 83% des moins de 25 ans se prononcent par exemple pour l'instauration d'un service minimum lors des grèves, 72% d'adhésion à la suppression des allocations familiales en cas de délinquance, près de 60% se déclarent favorables à l'assouplissement des règles dans le contrat de travail des salariés, ou encore une majorité d'entre eux est opposée à l'entrée de la Turquie dans l'UE...Il reste que cette campagne semble beaucoup plus intéresser qu'en 2002 cette tranche d'âge, à l'instar du reste du corps électoral. La proportion d'inscrits sur les listes se disant certains d'aller voter est de 75 % (soit douze points de plus qu'il y a 5 ans) : un gisement potentiel de voix pour la candidate socialiste. "Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort", scandait-elle voici quelques jours, paraphrasant Mitterrand. Et si la jeunesse n'a pas toujours raison, pour les candidats, la jeunesse abstentionniste a toujours tort.

 

 

Mlle Canarde
a dit à
vendredi 30 mars 2007

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