Zénith de 10 000 militants pour Nicolas Sarkozy, parlant ensuite de "oinj" sur Skyrock, Ségolène Royal citant Jamel et Diam's sur son Skyblog après un passage au congrès de L'Unef, comme les autres candidats de gauche, visite-marathon au Salon de l'étudiant pour François Bayrou...l'opération séduction des jeunes reste un passage obligé pour tout présidentiable. Représentant environ 13 % de l'électorat, les 18-24 ans ont longtemps été acquis àla gauche, et les récentes enquêtes montrent que leur préférence va pour l'heure clairement àSégolène Royal (34% des intentions de vote) devant Nicolas Sarkozy (22 %), et François Bayrou (20 %). Mais adhésion aux idées, ne veut pas dire mobilisation. Car s'ils apparaissent plus àgauche que l'ensemble des Français, les lycéens majeurs et étudiants présentent une propension àl'abstention plus élevée, pesant par là-même sur l'issue du scrutin. Ils ont ainsi apporté leurs votes àFrançois Mitterrand en 1981 et 1988, puis àChirac en 1995, sensibilisés par la thématique de la fracture sociale. Néanmoins, leur désertion des isoloirs au premier tour en 2002 a donné cet étonnant quarté de candidats pour les 18-24 ans: Le Pen en tête à20 % (3 points de plus que l'ensemble des Français), 12% (!) pour Jospin, 11% pour Mamère et 10% pour Chirac. L'enjeu donc pour les candidats est certes de séduire, mais surtout de traduire les sensibilités partisanes par des bulletins de vote...
Pas dépolitisésAbstention ne signifie pas dépolitisation : l'importance des manifestations lors de la crise du CPE offre un exemple en ce sens. Mais ce type de mouvement protestataire témoigne plus d'une aptitude des jeunes àse mobiliser sur des enjeux ponctuels plus de que se déplacer régulièrement dans les bureaux de vote (cf l'abstention record aux dernières législatives). Ainsi, si l'on a pu penser que le séisme du 21 avril 2002, où les jeunes avaient manifesté en masse, marquerait une repolitisation importante de cette tranche d'âge, il semble que le mouvement ne se soit que faiblement perennisé. Après avoir poussé la porte des partis, beaucoup de jeunes ne sont pas revenus, moins rompus qu'ils sont aux formes traditionnelles de militantisme. (Par exemple, la moyenne d'âge des nouveaux inscrits au PS ces derniers mois est de 43 ans, et la quasi totalité d'entre eux avaient déjàadhéré àun parti ou àune organisation syndicale : pas vraiment de jeunes bacheliers faisant leur baptême politique...).
Affectivité et autoritéPour autant, la "planète jeune" ne constitue pas un ensemble homogène : le niveau de diplôme constitue un critère d'affiliation partisane, séparant un bloc scolarisé, plus proche de la gauche, et une jeunesse déjàau travail favorisant plutôt les candidats de droite. Point commun de ces électeurs, leurs préoccupations globales ont changé et se sont progressivement rapprochées de celles de leurs parents : emploi, logement, sécurité. Certes, ils restent plus sensibles àl'image des candidats et fonctionnent plus à"l'affectif" que le reste de la population (d'où l'engouement pour Ségolène Royal, plus rassurante que Nicolas Sarkozy) mais une intéressante enquête d'IPOS sur quelques thèmes controversés montre qu'à"la tolérance culturelle se mêle aujourd'hui àune attente de retour d'autorité". 83% des moins de 25 ans se prononcent par exemple pour l'instauration d'un service minimum lors des grèves, 72% d'adhésion àla suppression des allocations familiales en cas de délinquance, près de 60% se déclarent favorables àl'assouplissement des règles dans le contrat de travail des salariés, ou encore une majorité d'entre eux est opposée àl'entrée de la Turquie dans l'UE...Il reste que cette campagne semble beaucoup plus intéresser qu'en 2002 cette tranche d'âge, àl'instar du reste du corps électoral. La proportion d'inscrits sur les listes se disant certains d'aller voter est de 75 % (soit douze points de plus qu'il y a 5 ans) : un gisement potentiel de voix pour la candidate socialiste. "Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort", scandait-elle voici quelques jours, paraphrasant Mitterrand. Et si la jeunesse n'a pas toujours raison, pour les candidats, la jeunesse abstentionniste a toujours tort.
- Les nouveaux jeunes électeurs face àl'élection présidentielle (enquête Cevipof)
- "Données et témoignages sur le vote des jeunes" (La Croix)
- "Quand Royal fait référence àJamel" (Le Figaro)
- "Nicolaaaas s'emballe au Zenith" (Libération)
- Le Blog de la présidentielle (Phosphore-Le Mouv)
- "Interview d'un chercheur sur le vote des 18-24 ans" (Site de l'INA)
- L'enjeu du vote des jeunes ou le reflet d'une génération plurielle (Forum IPSOS)
- Site "sexycentristes" des Jeunes UDF
- "Le site du Mouvement des jeunes populaires" (Militants UMP)
- "Le site du Mouvement des jeunes socialistes"
- "Fiche argumentaire des militants PS sur la jeunesse" (Parti socialiste)
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Mlle Canarde
a dit à
vendredi 30 mars 2007