Garder le silence, le plus longtemps possible, pour ne pas mourir politiquement. Si le président Chirac devrait dissiper dans les prochains jours l'hypothèse hautement improbable d'une 3e candidature, il ajourne encore son soutien au candidat de l'UMP, un temps annoncé début mars. C'est peu de dire que le discours doit être malaisé àciseler, pour que le ralliement soit un tant soit peu crédible dans l'opinion. On se souvient de la violence des attaques interpersonnelles, relayées dans les récentes biographies présidentielles. Chirac décrivant àses interlocuteurs un Nicolas Sarkozy "complètement fou", excité notoire et incontrôlable. Le ministre de l'Intérieur qualifiant en coulisse le président de "fourbe", "trouillard" ou "vieillard carbonisé". La probabilité d'une candidature Villepin écartée, les deux hommes avaient ensuite retrouvé leurs réflexes stratégiques et conclu un pacte : Nicolas Sarkozy arrêtait de donner du président l'image d'un roi fainéant et le laissait finir tranquillement son mandat, et Chirac le soutiendrait àla présidentielle. Un adoubement qui, àl'époque, laissait le candidat UMP plutôt dubitatif :"La France n'aime pas les héritiers. Si vous vous prononcez pour moi, je ne suis pas sûr que ce soit mis àmon crédit".
Aujourd'hui, le ton est très politiquement correct. "Jacques Chirac fera exactement ce qu'il souhaite. S'il me soutient, c'est très bien, mais ce n'est pas àmoi de lui demander", déclare notamment l'élu de Neuilly àla télévision. Quel intérêt mutuel peuvent-ils tirer de cette officielle réconciliation alors qu'il ne reste plus grand monde en Chiraquie et que le palais se vide ? Tous deux auraient ày gagner en fait en terme d'image. Sarkozy, en louant le bilan diplomatique élyséen, entend se présenter lui-même en homme d'Etat. Et il sait qu'attaquer le président, qui garde une certaine cote de sympathie dans l'opinion, sur la carte "vieilli, usé, fatigué" serait une erreur électorale. Pour le président, donner l'illusion de l'unité du camp majoritaire, lui permet de soigner quelque peu sa sortie. De caser les derners fidèles aux postes, comme Debré au Conseil constitutionnel, ce week-end. Enfin, de donner l'apparence d'un semblant d'influence politique, quand, ayant échoué àimposer ses "fils préférés" (Juppé, Villepin...), Chirac, le plus grand "serial killer" de son camp (Chaban, Giscard, Madelin, Seguin, Balladur...), se retrouve condamné àvoter le 22 avril, pour l'un des deux seuls hommes politiques àdroite qu'il n'a jamais réussi àfaire entrer dans le rang : Sarkozy ou Bayrou.
Et c'est une tradition : les présidents sortants n'ont jamais -sauf De Gaulle dans une certaine mesure- réellement soutenu les prétendants amenés àleur succéder, dans leur famille politique. Dernière prérogative monarchique, ou intention délibérée de nuire àson propre camp ? Le fait est que les candidats investis par les partis de la majorité sortante n'ont jamais été les héritiers souhaités par les présidents. Clairement, mais officieusement, François Mitterrand ne goûtait peu en 1995 l'investiture de Jospin, qui avait revendiqué son "droit d'inventaire" sur le bilan élyséen et fait alliance avec Michel Rocard, ennemi juré du président socialiste, au fratricide congrès de Rennes. Etrillé au sein de son camp pour les "affaires" de la fin du septennat, le président avait même du mal àcacher sa sympathie pour Jacques Chirac, au plus fort de sa traversée du désert et des attaques venues du camp balladurien. Même de Gaulle, dont Pompidou apparaissait comme l'héritier naturel, n'avait que moyennement apprécié que son premier ministre fasse tacitement acte de candidature avant la fin de son mandat présidentiel. Et drapé dans son orgueil après l'échec du référendum de 1969 sur la régionalisation, le Général s'était fendu d'un laconique communiqué pour annoncer sa démission, puis déclaré qu'il ne ferait plus aucun commentaire politique.
- "Monsieur Chirac devrait annoncer qu'il ne se représentera pas la semaine du 12 mars" (Le Monde)
- "Les adieux de Chirac au Salon de l'agriculture" (Le Figaro)
- "Chirac : Debré raille les courtisans partis 'courtiser ailleurs'" (Le Nouvel Obs)
- "Chirac vu par..." (Dossier dans Le Point)
- "Nicolas Sarkozy : 'Si Chirac me soutient, c'est très bien'" (Reuters)
- "Toute l'actualité de Jacques Chirac" (Yahoo actualités)
- "Dossier sur la présidence de Jacques Chirac" (L'Express)
- "Jacques Chirac va mettre fin dans quelques jours sur le faux suspense sur sa candidature" (AFP)
- "La dernière ligne droite de Chirac" (Courrier international)






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mercredi 7 mars 2007
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jeudi 8 mars 2007