"Cette élection, je commence àpas trop mal la sentir". Sur l'île de la Réunion le 15 février dernier, le candidat UMP n'avait pas pu s'empêcher de s'auto-congratuler devant les journalistes, après avoir joué en meeting la carte de l'humilité devant les sondages. Quinze jours seulement ont passé. Une éternité en période de campagne présidentielle. Et les effluves dans l'air du temps sont aujourd'hui moins agréables...Depuis, Nicolas Sarkozy accumule les mêmes bourdes tant reprochées àson adversaire socialiste : erreur radiophonique sur le nombre de sous-marins, polémique sur l'ISF, et, surtout, des accusations du Canard enchaîné sur un rabais financier douteux sur un appartement àNeuilly.
Certes, tout occupés qu'il sont àcontrer l'ascension de François Bayrou pour éviter un nouveau 21 avril, les éléphants socialistes se font plutôt discrets et se gardent d'exploiter le filon aussi puissamment que l'avaient fait les barons de l'UMP avec Ségolène Royal. Si le bruit médiatique est, pour l'instant, moindre, ces "affaires", qu'elles soient ou non fondées, montrent bien néanmoins que le candidat n'a plus un contrôle total de sa campagne. Jadis accusé d'être le "chouchou des médias" et en collusion avec les groupes de presse, Nicolas Sarkozy, "blessé par ces attaques", a piqué mardi une colère noire devant les questions des journalistes sur l'état de son patrimoine (qu'il n'a toujours pas rendu public malgré ses promesses).
Vote négatifPour l'heure, Nicolas Sarkozy reste en tête des sondages, que ce soit au premier ou au second tour. Mais le candidat a plusieurs motifs de sérieuses inquiétudes. Plus que tout, il craint d'être "balladurisé", touché par le syndrôme du favori, et de chuter dans les derniers jours. "Je ne suis pas le favori mais le challenger", répète-t-il àl'envi, persuadé comme le théorisait Jacques Chirac que les Français n'aiment pas les "premiers de la classe". Ensuite, l'éventuelle absence de Le Pen au premier tour faute de signatures l'inquiète, car les électeurs frontistes, soupçonnant des pressions de UMP sur les élus, pourraient donner leur bulletin àla gauche, en guise de vote-sanction. Sa stratégie pourrait en devenir aujourd'hui vraiment illisible.
Son entourage le presse notamment de se repositionner sur les thèmes du FN. Mais àl'inverse, il sait devoir impérativement jouer le rôle de la "proximité avec les Français". Lui qui raillait il y a peu la campagne "compationnelle" de Ségolène Royal, a depuis programmé dans son agenda des visites d'hôpitaux et de centres pour handicapés. "J'ai été plus heureux àl'Intérieur qu'aux Finances, parce vous y rencontrez des gens en souffrance. Je préfère cela aux chiffres", déclarait-il dimanche àla télévision. Car c'est sur cette image empathique que pourrait se jouer de façon décisive le second tour. La candidate socialiste est jugée "moins compétente", mais "plus sincère" et "plus sympathique" dans les enquêtes qualitatives d'opinion. Or au second tour, on élimine, plus qu'on ne vote pour son candidat, et Nicolas Sarkozy inquiète 49% des Français. Enfin, dernère inconnue : le vote des très nombreux nouveaux inscrits sur les listes. Or il semble qu'une grande partie d'entre eux vienne de ces banlieues qu'évite soigneusement ces derniers temps le candidat...
- "As Voter Registration Soars, French Presidential Candidates Woo Troubled Suburbs" (The New York Times)
- "Le journaliste du Canard enchaîné répond àNicolas Sarkozy" (Marianne)
- "La négativisation du vote" (Analyse d'un politologue du CEVIPOF)
- "Nicolas Sarkozy répond aux accusations du Canard" (Vidéo)
- "Dans les méandres du patrimoine de Sarkozy" (Libération)
- "Nicolas Sarkozy accuse François Bayrou de faire le jeu des extrêmes" (Le Monde)
- "Les socialistes discrets sur les opérations immobilières de Nicolas Sarkozy" (Libération)
- "Les adversaires du candidat UMP ne veulent pas polémiquer" (Le Figaro)
- Les réactions diverses de la classe politique (Nouvel Obs)
- "Sarkozy's 'Mr Clean' image hit by property scandal" (The Guardian)
ILS ONT DIT
Business en marigot
“ Les candidats tentent d'acheter notre parrainage comme s'ils venaient nous vendre du papier toilette ! Les grands partis sont assis sur leur pile de signatures et mieux vaut pour les autres candidats ne pas s'en approcher. Le premier élu encarté qui ne respecterait pas la consigne de sa formation serait mort ”, a confié àla presse le président des maires ruraux de France, Gérard Pelletier. Pour l'élu divers gauche, nombre de petits candidats ne devraient pas participer àl'élection : “ Les chasseurs ont-ils vocation àse présenter ? Je ne le crois pas ou alors pourquoi pas le candidat des moustachus ou de la grenouille verte du Berry ? Le futur président ne peut être qu'un "crocodile" de la politique ”.
Asile politique
“ Elle ne fait appel qu'àdes truffes ! Alors excusez-moi mais une inexpérimentée avec des truffes, j'espère qu'elle va pas avoir la France ! On est complètement chez les fous...En face il y a un véritable rouleau compresseur ”, s'est ému l'ancien ministre de François Mitterrand, ex-patron de l'OM, et apparemment reconverti dans la politologie, Bernard Tapie, au sujet de la nouvelle équipe de campagne de Ségolène Royal, élargie aux "anciens" du parti, comme Lionel Jospin, Pierre Mauroy ou encore Laurent Fabius.
Comédie de moeurs
“ Sarkozy m'amuse de A àZ, il a les trois caractéristiques d'un personnage burlesque : petit, cocu et de mauvaise foi ”, a déclaré au Parisien le comique Gérald Dahan. Il ne digère visiblement pas que la gauche l'ait accusé de "sarkozysme" après son canular téléphonique àSégolène Royal, où il s'était fait passer pour le président du Québec.
Malveillance
“ François Bayrou est un traître et un mégalo qui se fait une idée de lui-même complètement irréaliste ”, aurait confié àson entourage Simone Veil, selon Le Canard enchaîné. Désormais retraitée du Conseil constitutionnel, l'ancienne ministre devrait présider le comité de soutien du candidat UMP.
Matricide ?
“ Des tas d'interrogations demeurent sur M. Sarkozy. Beaucoup doutent de lui et pensent qu'il serait capable d'écraser sa grand-mère mourante pour devenir président. Certains doutent qu'il sera aussi réformiste, une fois qu'il sera au pouvoir, qu'il le promet en ce moment ”, tacle un quotidien australien, dans un article intitulé "Les Français, la campagne et Nicolas Sarkozy". Le journaliste du Sydney Morning Herald nuance néanmoins : “Mais plus que tout autre candidat, il incarne les contradictions de la France et de sa place dans le monde. C'est cela qui fait de lui la plus intéressante figure de cette campagne ”.
Camarade, camarades...
“ Lionel Jospin peut apporter son expérience, sa force, le souvenir de ses campagnes qu'il a menées et notamment montrer ce qu'il ne faut plus faire... ”, aurait déclaré le premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, en partageant un "couscous républicain" (!) avec des militants du Puy-de-Dôme.
Moyen cru
“ Tous les ans on se demande si le beaujolais aura un goût de fraise ou de banane. Et tous les cinq ans, on se demande qui sera le troisième homme de la présidentielle. Étrange, n'est-il pas ? Au pays de Descartes, aussi sûr que le vin primeur aura toujours un goût de fruits, on sait pertinemment qu'il n'y a aucun intérêt àêtre médaille de bronze ”, s'amuse le quotidien belge Le Soir, en commentant la campagne présidentielle française. Mêmes interrogations pour les Espagnols, qui dressent dans El Pais un portrait de François Bayrou, “ le seul candidat capable de traire une vache et de conduire un tracteur ”.
ÉTONNANT, NON ?
Placard même pas doré...
Lionel Jospin aurait conditionné son arrivée dans le staff de campagne de Ségolène Royal au fait que Jean-Pierre Chevènement en soit exclu. On connaît le ressentiment de l'ancien premier ministre pour le député de Belfort, qu'il tient pour responsable de son éviction du second tour de la présidentielle en 2002. Bilan : le "Che" ne fait pas partie des 13 membres de l'équipe principale mais a été nommé “ responsable de la coordination des interventions thématiques ”. Belle promotion...! Et Jean-Pierre Chevènement de répliquer aujourd'hui sur son blog : “ Que Lionel Jospin ait mis comme condition le fait de ne pas s'y trouver avec moi témoigne malheureusement de sa part d'une incapacité constante àanalyser les causes de son échec ”.
Allocations nationales
Le FN aurait tenté d'acheter un élu en lui offrant un chèque de 1000 euros en échange de sa signature pour permettre la candidature de Jean-Marie Le Pen àla présidentielle. C'est en tous cas ce qu'affirme le maire d'une petite commune de la Manche, interrogé par le Parisien. L'élu, qui avait signé pour l'élu frontiste en 2002, a refusé le chèque, officiellement destiné àune association municipale de conservation du patrimoine. “ Cette fois, je ne signe pour personne. J'ai reçu des tracts de la Ligue communiste révolutionnaire, des menaces, on m'a accusé d'avoir deshonoré ma commune ”, affirme ce maire, ajoutant qu'il pensait aujourd'hui àla tranquillité de son bourg et allait brûler les formulaires de parrainage.






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samedi 3 mars 2007