Ni Sarko ni Ségo. Candidat du "ni-nisme", François Bayrou se rêve en homme providentiel et s'attire les foudres du PS et de l'UMP. Sa stratégie "hors clivages" est un coup de poker pour son avenir politique.
Haro sur le Béarnais. Les deux principaux partis concentrent aujourd'hui leurs attaques sur le candidat UDF, qui mise sur un positionnement ni droite ni gauche pour conquérir les Français. Mais en optant pour cette stratégie de l'anti-establishment, en se démarquant définitivement de son ancienne famille politique (il a quand même été ministre de Balladur !), le "Che Guevara" de Bordères joue son va-tout. C'est l'Elysée ou il perd tout. Le sacre ou la longue, très longue traversée du désert...Bref, le Giscard de 1974 ou de 1981. "Je ne rentrerai pas au bercail et je n'ai aucune intention de retrouver les formes du passé" a prévenu François Bayrou ce matin sur France Inter, en cas d'élimination au premier tour. C'est dit, il ne votera pas Sarkozy. La rupture est consommée, et aucune marche arrière n'est désormais possible pour le leader centriste.
Mais pourquoi inquiète-t-il tant Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, qui l'avaient plutôt épargné jusqu'ici ? Son potentiel électoral est réel. Son discours modéré peut séduire des sympathisants socialistes, or la candidate ne dispose que d'un réservoir de voix limité, tant l'étiage de gauche est bas (le total des intentions de vote PS-PC-Verts-extrême gauche est le plus bas depuis 1969 !). A droite, une frange des électeurs peut être rebutée par l'image libérale et sécuritaire du leader UMP. De ce fait, d'aucuns lui prédisent un destin àla Chevènement et pronostiquent, une fois explosée la bulle médiatique, un décrochage dans l'opinion. En draguant sur tous les bords, le risque de flouter son image est grand...
Le leader du FN a, de son côté, légitimement moins de raisons d'être inquiet. On pourrait croire que le candidat UDF morde sur son électorat en captant les votes protestataires des Français lassés de l'alternance et de la bipolarisation. C'est oublier que la base électorale de Le Pen est solide. Au second tour en 2002, 5 525 906 électeurs ont fait fi du battage médiatique sans précédent et des consignes de vote unanimes de la classe politique, et sont déplacés jusqu'àl'isoloir pour soutenir le leader d'extrême-droite. Ces électeurs-là, motivés, sont bien réels, quand pour l'heure, le score de Bayrou reste virtuel et fourni par des instituts de sondages dont on connait l'infaillibilité...Si l'on prend en compte la volatilité de l'électorat, àdeux mois - une éternité en temps de campagne - du second tour, le possible ressaisissement des sympathisants de gauche sur un vote "utile" socialiste, l'énorme réservoir des "sans opinion" qui font leur choix dans les derniers jours, il est raisonnable de considérer encore aujourd'hui l'hypothèse de "l'homme providentiel" comme hasardeuse et opportunément bonne àalimenter un débat politique qui peine àpassionner les Français.
"Enter François Bayrou, the next President of France" (The Guardian)
"PS et UMP concentrent leurs attaques sur François Bayrou" (Le Figaro)
"Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'en prennent àFrançois Bayrou" (Le Monde)
"Nombreux électeurs potentiels mais hésitants" (Libération)






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