A l'occasion du dernier sommet France-Afrique de Jacques Chirac, la presse étrangère dresse un bilan très contrasté de la politique élyséenne. La diplomatie avec le continent noir divise également Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Le président honore l'un de ses tout derniers rendez-vous internationaux. Une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains sont aujourd'hui réunis àCannes pour la vingt-quatrième édition de la conférence Afrique-France. L'heure est au bilan sur une diplomatie avec laquelle les deux principaux candidats àl'élection présidentielle entendent rompre, mais de manière très différente. Ainsi, comme le développe une analyse du quotidien Le Monde, "tous deux se revendiquent d'une forme de rupture", avec les vieux réseaux semi-mafieux de la Françafrique pour Nicolas Sarkozy, avec les relations des années Mitterrand pour Ségolène Royal. Mais "discrets sur les grands dossiers", les deux candidats "préfèrent aborder le continent par ses aspects les plus proches des électeurs" : développement, environnement, rôle des femmes côté PS, immigration côté UMP. Libération revient sur "le bilan très contrasté" de ces douze ans de relations et interroge plusieurs personnalités pour en témoigner. L'ancienne ministre de la Culture malienne, Aminata Traoré, évoquant un "amour étouffant" pour le continent, souligne que le président "jouit d'une impunité en France àl'image de l'impunité de chefs d'Etat qu'il contribue àmaintenir" en Afrique. Le musicien sénégalais Youssou N'Dour salue pour sa part "l'écoute incroyable" du président et "rêve qu'il fasse un peu comme Clinton, qu'il devienne un avocat-ambassadeur" du continent, après avoir été libéré de ses fonctions.
Côté africain, la presse africaine n'est pas toujours tendre avec Jacques Chirac. Si, par exemple, pour Fraternité Matin, un ivoirien, "il s'agit beaucoup plus pour les chefs d'Etat africains de venir rendre hommage àun ami plutôt que de parler de développement et d'avenir du continent noir", le quotidien ivoirien Notre Voie se montre très critique vis-à-vis de Paris : "le terme de coopération, que ressassent les différents chefs d'Etat français dans leurs discours, cache le vrai dessein de la France : celui de légitimer le néocolonialisme. Les nombreuses aides qu'elle alloue aux Etats africains sont en somme un moyen habile de perpétuer la dépendance et d'accroître l'influence française en Afrique".
"Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, àchacun sa rupture" (Le Monde)
"France-Afrique : ouverture sur fond de joie et de mélancolie" (Fraternité matin)
"Afrique : quel poids dans l'équilibre du monde ?" (L'Essor)
EN PLUS
Déchiffrage
"Vous me gonflez tous ! J'en ai marre des réunions du comité de campagne où il 'y a que des cireurs de pompes !". Selon Le Parisien, c'est par cette violente sortie que le secrétaire national PS pour l'économie, Eric Besson, avait quitté hier une réunion au siège du parti, avant d'annoncer le soir même sa démission du secrétariat national, officiellement pour des "raisons personnelles". Aujourd'hui remplacé par Michel Sapin, Eric Besson avait critiqué le chiffrage du pacte présidentiel de Ségolène Royal, fixé officiellement à35 milliards. "Intenable", aurait lancé le député àl'équipe de campagne. Difficile dans cette situation de le défendre...Jean-Louis Bianco, co-directeur de campagne de Ségolène Royal, a néanmoins indiqué aujourd'hui qu'Eric Besson avait démissionné de ses fonctions de secrétaire national àl'économie du PS après un "accrochage avec François Hollande". "C'est un problème personnel qui n'est pas lié au chiffrage du projet" de la candidate socialiste àla présidentielle, a-t-il ajouté. Reste que cette défection est un coup dur pour la candidate socialiste, pour laquelle l'écart continue de se creuser avec Nicolas Sarkozy au second tour. "Les sondages se sont invariablement trompés", a tranché le porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, dans Le Parisien, "et je perçois le contraire sur le terrain".
"Michel Sapin remplace Eric Besson dans l'équipe de campagne" (Le Monde)
"Le chiffreur du projet Royal jette l'éponge" (Libération)
"Besson part après un accrochage avec Hollande" (Le Figaro)
ILS ONT DIT
Naboléon
“ Sarkozy, c'est un "petit Bush européen", un va-t-en-guerre ”, a dénoncé José Bové lors d'un meeting. “ Aujourd'hui, il y a un danger dans ce pays, parce que ce candidat, s'il arrivait au pouvoir, pourrait nous entraîner dans des situations absolument ingérables, surtout au niveau international, (...) ce n'est pas seulement au niveau du discours quelqu'un de dangereux, c'est quelqu'un qui est dangereux socialement, qui est dangereux pour les droits ”, a ajouté le militant altermondialiste.
Préférence nationale
“ Lorsque M. Hollande affiche sa préférence pour Le Pen face àBayrou, nous comprenons la honte qui s'empare des militants et sympathisants socialistes, eux qui ont payé si cher le vote du 21 avril 2002 ”, s'est indigné le député UDF Jean-Christophe Lagarde. Le premier secrétaire du parti socialiste avait estimé la veille sur Canal + que “ François Bayrou ne peut pas être au niveau de Jean-Marie Le Pen ” et conclu que “ le seul troisième homme possible &rdquo était le leader du Front national.
Mater dolorosa
“ Je suis convaincu que la France mérite une équipe. La France ne mérite pas un homme seul ou une femme seule. C'est une équipe qui doit être cohérente. Si on rassemble sa famille, on peut rassembler la France ”, a proclamé M. Sarkozy, stigmatisant Ségolène Royal, lâchée par une partie de ses troupes. Même métaphore pour Bernard Tapie, qui estime qu'on “ ne gagne pas la Champion's league avec une équipe de deuxième division ”. “ En bordurant les DSK, Fabius, Jospin et autres Kouchner, elle rend son inexpérience personnelle encore plus flagrante et dangereuse ”, a-t-il analysé.
Ame en Pen
“ Nous allons faire campagne séparément au nom du principe d'efficacité ”, a annoncé le leader du MNR, Bruno Mégret sur France 2, en évoquant Jean-Marie Le Pen. Bruno Mégret avait quitté le FN en 1998 pour fonder son propre mouvement, un "pu-putsh" selon les termes de Le Pen, avant de rentrer au bercail. Mais visiblement, la greffe a du mal àreprendre...
Larme àgauche
“ J'ai eu les larmes aux yeux quand elle a parlé d'elle, des petites gens et des questions internationales, l'Afrique, la Russie (...) et pourtant je ne suis pas un sentimental ”, a confié le député socialiste de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, au sujet du discours de Ségolène Royal àVillepinte le 11 février. “ Le principal défaut de Nicolas Sarkozy ? C’est lui-même ! ”, a par ailleurs ironisé le porte-parole de la candidate, qui avait été suspendu un mois pour avoir déclaré que le principal défaut de Ségolène, c'était son compagnon.
ETONNANT, NON ?
Basses pressions
Le FN et les petits candidats se plaignent de ne pas arriver àréunir les 500 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter. Ainsi, José Bové, qui revendique 232 parrainages, estime que “ des consignes ont été données par les partis ”. Dominique Voynet dénonce des pressions du PS sur les élus. “ C'est: "il est interdit de donner des parrainages et vous serez sanctionnés si vous le faites néanmoins" ”, selon la candidate des Verts. Par ailleurs, Jean-Marie Le Pen réclame le contrôle des élections par des observateurs internationaux. “ Nous aurions des Libyens puisque nous ne sommes pas capables de respecter la démocratie ”, a-t-il décrêté.
I love Bayrou
Les jeunes UDF ont lancé hier deux sites internet pour soutenir leur candidat. Sur www.osezbayrou.fr, les internautes peuvent ainsi se procurer des T-shirts orange vif ou consulter l'agenda de la campagne. Enfin, sur www.sexycentriste.com, “ le premier site de rencontre politique ”, les fans du Béarnais peuvent débattre sur les retraites ou la banque centrale européenne et calculer leur “ affinité politique ” avec les autres utilisateurs inscrits. Hot...
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Qui©he
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samedi 17 février 2007