Dans un registre tantôt admiratif tantôt circonspect, la presse internationale commente largement le pacte de Ségolène Royal présenté dimanche àVillepinte. De la rougeur du tailleur, signe ostensible de retour auprès des éléphants socialistes, àl'originalité des débats participatifs, tout intéresse les observateurs étrangers.
Pas de doute, elle a rougi. L'ensemble des commentateurs, toutes nationalités confondues, l'ont bien remarqué. Ainsi, The Wall Street Journal qui titre carrément "Lady in red" son édito, explique que la candidate a confirmé son "positionnement àgauche" en proposant une réforme de l'administration, une augmentation du SMIC, des allocations et des retraites, et "comme pour bien souligner ses intentions, a remplacé son habituel tailleur rouge vif". "Sa robe annonçait la couleur : la préparation au combat", renchérit le quotidien suisse Le Temps. C'est la revanche de Ségolène sur les éléphants du parti, analyse de son côté le journal italien La Repubblica, s'enthousiasmant sur le discours de Villepinte, preuve que "la gauche existe, qu'elle n'est ni morte, ni évanouie". Côté anglais, The Indépendant découvre une femme parlant avec "passion et larmes aux yeux" des violences dans les banlieues, se présentant comme un mère pour la jeunesse française. L'article salue la technique novatrice de consultation des militants, pointant le chiffre de 2,7 contributeurs, une technique "qui aura des adeptes et sera adoptée ailleurs qu'en France". Enfin, le journal belge Le Soir, comme d'autres, affiche une certaine circonspection quant au programme économique de Ségolène : "aucune proposition chiffrée dans son catalogue de mesures, et pas un mot sur la fiscalité".
A la grande différence de la presse européenne, les médias américains aiment àrappeler les bourdes diplomatiques de la candidate. Ainsi, le New York Times revient longuement sur les déclarations prononcées lors de ses déplacements en Chine ou au Liban et souligne que Ségolène, le 11 février, "entendait dissiper l'impression qu'elle est une jolie femme sans programme consistant". Notant également au passage la "veste rouge éclatante", le journaliste salue la manière originale de mener campagne, loin des habitudes françaises, basée sur des "halls de meeting àl'américaine, un dialogue sur Internet, et des débats participatifs". Impressionné comme ses confrères du Vieux continent par les chiffres de la campagne (6 500 réunions publiques de militants, 700 000 participants), il estime néanmoins que la candidate n'a pas fait "taire les critiques" en citant...Alain Duhamel ! Rappelons que l'éminent journaliste et politologue avait "oublié" d'inclure Mme Royal dans la liste des prétendants àl'Elysée dans son dernier livre au profit de Jospin...Enfin, le New York Times omet de relever la position de mater dolorosa de la candidate. Il avait pourtant ironisé en début de mois sur des déclarations d'Hillary Clinton mettant l'accent sur son côté maternel et titré : "Les Américains sont-ils prêts àse lâcher pour Maman ?".
"French Contender Makes Her Presidential Case" (The New York Times)
"Tearful Royal stops listening and starts talking" (The Independent)
EN PLUS
Combien ça coûte ?
Alors que l'écart se creuse dans les sondages en faveur du candidat UMP, le débat présidentiel entre les deux principaux challengers s'oriente sur le chiffrage respectif des promesses de campagne. L'UMP présente actuellement une addition de 30 milliards d'euros, selon le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, tandis que celle du camp adverse monte à35 milliards, selon l'un des fiscalistes du PS, Didier Migaud. Cependant, alors que plusieurs propositions dans chacun des "pactes" n'ont pas encore été détaillées, la facture pourrait être beaucoup plus lourde. Ainsi, Le Monde a interrogé la cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise, "Débat 2007", composée de trois experts indépendants, et celle-ci estime que le coût net des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy est légèrement inférieur à50 milliards d'euros contre 53 àMme Royal. Match quasi-nul donc avec un "chiffrage sérieux mais provisoire", selon le quotidien.
Qui saura évaluer au plus juste son futur budget de gouvernement ? Libération, ouvertement pro-PS, estime que sur ce terrain, bien sûr, "les conservateurs ont une réponse toute faite : la gauche vide les caisses, la droite les remplit. Ils disent cela depuis le Front populaire, au moins" mais que "l'adage est totalement faux". Le quotidien propose néanmoins deux intéressantes interviews d'Eric Besson, député socialiste chargé des questions économiques, et de Pierre Méhaignerie, député UMP, président de la commission des finances àl'Assemblée. De son côté, Le Figaro estime la facture quasi-équivalente dans les deux camps, mais estime que nombre de propositions faites dimanche par Ségolène Royal n'ont pas encore été chiffrées, notamment en matière fiscale ou concernant les dépenses sociales et scolaires.
Le PS propose àla droite un débat contradictoire public sur le chiffrage des dépenses
L'UMP et le PS s'affrontent ur le financement de leurs programmes (Vidéo)
ILS ONT DIT
ATOMISEUR
“ Nicolas Sarkozy avec ses propositions, c'est un peu le docteur Folamour des finances publiques, l'un des plus grands endetteurs que la Ve République ait jamais connus ”, a ironisé le porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, lors d'une interview sur RMC Info. De son côté, l'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement a qualifié sur Europe 1 le candidat UMP de “ Margaret Thatcher en complet-veston ”, accusé de fomenter “ un choc libéral ”.
SEGOGO
“ On prend les Français pour des gogos. Il n'y a qu'une seule question que l'on ne pose pas : qui va payer ces promesses du temps des poches pleines alors que nous sommes dans le temps des poches vides ? ”, s'est interrogé François Bayrou lors d'un meeting àStrasbourg hier, en visant notamment la candidate socialiste.
TRAVAUX PRATIQUES
“ C'est presque comme la bravitude ! Ils sont créatifs, ici ! ”, s'est enthousiasmée Ségolène Royal, en visite hier dans un lycée en Seine-Saint-Denis, alors qu'un enseignant lui parle de "présentéisme" pour évoquer l'assiduité. Le Parisien rapporte que la candidate a ensuite perdu le sourire lorsque un proviseur lui a demandé d'annoncer toutes les suppressions de postes prévues par la droite àla rentrée.
HORS JEU
“ On est pas en train de faire une partie de poker dans un appartement, on est en train de jouer l'avenir de notre peuple lors d'une élection présidentielle ”, s'est indignée la candidate communiste, Marie-George Buffet, lors d'un entretien au quotidien L'Est républicain.
FIL DE L'EPEE
“ Les choses ont été àpeu près calées avec lui. Il va m'adouber, pas la peine donc de le provoquer et de l'énerver avant ”, a demandé àses troupes le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, après la gaffe de Jacques Chirac sur le nucléaire iranien.
ETONNANT, NON ?
SEGOTHON
Martine Aubry a lancé hier àLille une “ chaîne de la victoire ” pour soutenir la candidature de Ségolène Royal. Jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril, près de 70 femmes prendront publiquement la parole dans différentes villes de France. Rappelons que l'ancienne ministre socialiste soutenait Lionel Jospin lors du débat interne au parti...Aujourd'hui, elle dit consacrer àla candidate “ toute son énergie et toute sa force ”.
AUDIMATCH
L'interview du président Jacques Chirac sur France 2 dimanche a été suivie par 6,4 millions de téléspectateurs, selon les chiffres de Médiamétrie, soit 27,3% de part d'audience, “ la meilleure audience historique de Vivement Dimanche Prochain ”, souligne la chaîne. Un record néanmoins supplanté par les 8,24 millions de téléspectateurs réunis par Sarkozy sur TF1 le 5 février.






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mardi 13 février 2007
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mercredi 14 février 2007
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mercredi 14 février 2007