Roger Hanin, beau-frère de Mitterrand, le crie sur tous les toits : il votera “ communiste au premier tour et Sarkozy au second tour ”. Dieudonné s’affiche avec Le Pen et l’écrivain Alain Soral dévoile son concept de marxiste-lepéniste. Autant dire que la perte de repères prend sérieusement des airs de vache folle. Notons aussi que cette perte s’accompagne insidieusement d’un retour en force du politiquement correct. Essayez d’imaginer un sketch de Desproges aujourd’hui : il serait aussi incongru qu’une cigarette sur un plateau télé. Mais si beaucoup de choses partent en fumée, Charlie nous prouve qu’il compte défendre l’irrévérence comme valeur de liberté.

Rappelons que la publication par Charlie Hebdo des caricatures est un acte de solidarité avec le directeur de France Soir, limogé à la suite des publications. Cette décision qui vaudra au journal satirique d'être poursuivi par la Grande Mosquée de Paris et l’UOIF (Union des organisations islamiques de France). Le tout avec l’accord tacite de Chirac qui critique “ les provocations manifestes ” et appelle à éviter “ tout ce qui peut blesser la conviction d’autrui ”. Notons aussi, à part le soutien de notre président, celui du Vatican – et que cette affaire dépasse allègrement le cadre de l’Islam. Car comme le rappelle Philippe Val dans le Charlie Spécial Procès qui sort aujourd’hui : “ c’est donc sur cette base que ce procès est engagé : sur la pression des religieux, on voudrait confondre la critique de l’idéologie religieuse avec l’insulte raciste ”.

Val insiste aussi sur un fléau important, l’étiquetage, facile, pratique : ben non, tous les musulmans ne sont pas choqués par cette affaire, l‘humour n’est pas l’apanage de quelques-uns : “ dénier aux musulmans cette faculté de comprendre relève d’un mépris qui confine au racisme. ” Le mélange des genres est une réalité bien plus facile à ignorer dès que l’on est dans le commentaire : s’en prendre à Doc Gyneco de rouler pour Sarkozy alors qu’il est de couleur est aussi débile que de croire que tous ceux qui paient l’ISF sont forcément de droite.

Ce défaut-réflexe est à éviter dans tous les domaines, et à l’instar de notre grand frère Charlie, et à notre manière, nous croyons qu’il est possible de parler sérieusement d’un sujet avec humour, en utilisant tous les moyens à notre disposition. Sous cette égide, Présidentielles.net vous propose à partir d’aujourd’hui La Boucherie le premier web-soap-opéra tourné en viande, Ça me casse les urnes, un blog-bd intimiste, Les Campagnards, une série de mini documentaires, Pimp my candidate, qui relooke les candidats en chansons. Mais aussi des billets, un annuaire de liens et moult surprise à venir. Bienvenue !

EN PLUS

A bâbord toute !

“ Comme disent les rappeurs : Paris est dans la place. Et moi aussi, je suis là. ” clame en ouverture de son meeting d’hier soir, Ségolène Royal. Le message est clair, il va falloir compter sur elle. Revigorée, semble-t’il par la prestation de Sarkozy sur TF1 la veille, la candidate du parti socialiste souhaite se situer mais tout en se déplaçant quand même. Jamais Ségolène Royal n’avait tenu un discours si socialiste. Elle qui ne s’est jamais cachée jusqu’à présent de vouloir incarner une gauche à la Tony Blair, c'est-à-dire très à droite de la gauche.

“ Je suis toujours là et bien là ”, la droite “ je ne la crains pas ”, a lancé comme dans un défi à ses adversaires Ségolène Royal, portée par une salle comble (8.000 personnes selon les organisateurs) qui ne lui a pas mégoté ses acclamations dans une ambiance des grands soirs, avant la présentation dimanche de sa plate-forme présidentielle.

Exit pour l’instant la démocratie participative, il y va de la lutte contre le grand capital. Libération souligne ses propos : tonnant contre les “ profits rapaces ”, “ fainéants ”, “ arrogants ”, “ avides ”, dénonçant les “ masses financières aberrantes et indociles ”, elle a dénié à cette “ nouvelle oligarchie ” toute légitimité à “ prendre la tête de l'Etat républicain ”. Contre une “ conception dépassée de la politique, réduite à un viril pugilat. ” Désirs d’avenir et de lendemains qui chantent donc, le 11 février par exemple.

Les politiques aussi donc perdent leurs repères. Sarkozy n’est pas en reste, en piquant l’idée de François Bayrou, il prône maintenant l’ouverture : tous réunis (de droite à gauche) autour de la victoire. On dit qu’il prépare soigneusement un discours sur ce thème pour… le 11 février, date de son comité de soutien.

Heureusement que les dates existent pour éviter que les repères disparaissent.

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ILS ONT DIT

Grande candidature malade

“ Ceux d'en face, à droite et dans leurs relais dociles dans les médias, m'avaient déjà congédiée, accablée de toutes les insuffisances et de toutes les impotences, vilipendée dans des publications sordides, à la une de publications liées au pouvoir. ” a slamé Ségolène Royale. Le couteau entre les dents, on ne voit plus son sourire mais ce n’est peut-être pas si mal.

Défense du consommateur

“ Nicolas Sarkozy a de grands talents de vendeur, mais ne renseigne pas toujours le chaland sur la nature de la marchandise. ” proclame Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche (PRG). La traçabilité on vous dit, y a que ça de vrai.

Commercial en tournée (I)

“ Il y a un de vos collègues qui a dit : ”il vient ici pour les élections”. Eh bien oui. Mais enfin vous, vous cherchez des clients (...) Je ne vois pas pourquoi on ne chercherait pas des électeurs. ” a rétorqué Nicolas Sarkozy à un ouvrier de l’usine Alsthom du Creusot.

Commercial en tournée (II)

“ Les Français jusqu'au mois de décembre étaient considérés comme de simples consommateurs à qui on présentait les deux mêmes produits. Dans cette optique, ils répondaient à ces deux mêmes produits. ” constate le député Hervé Morin (UDF) qui veut installer le produit Bayrou dans les rayons.

Voyager sans son vélo

“ La route est longue pour rejoindre Gerardmer dans les Vosges, surtout quand elle est enneigée et qu’on doit partir en voiture à l’arrache après avoir bossé le matin. ” constatation extraite du carnet de voyage d’Olivier Besancenot. La victoire sera au prix d’un longue marche, Olivier.

Le Zapata de l’Élysée

“ Face à l’urgence, le temps n’est plus aux demi-mesures. Le temps est à la révolution au sens authentique du terme. La révolution des consciences. La révolution de l’économie. La révolution de l’action publique. ” Une harangue de Jacques Chirac sur le risque climatique. Jamais aussi sympathique et aussi fort qu’en plein air, le Jacquot.

Drague à l’extrême droite

“ C’est dégueulasse, Sarkozy sait très bien que 90 % des musulmans vont dans les abattoirs [pour tuer le mouton]. C’est une image barbare des musulmans qu’il a voulu faire passer. ” s’indigne, dans Libération, Hayate Adjadj participante à l’émission de TF1 J’ai une question à vous poser. Under control, tout le temps ou presque.

Intervention au poil

“ Même si elle a fait rire beaucoup de monde, l’histoire du poil de fesse m’a peut-être desservi, j’aurais dû en rester aux cheveux. Si j’ai évoqué l’histoire du scooter (…), c’est que selon moi, cet événement est révélateur d’une justice à deux vitesses. ” Jérôme Monod participant à l’émission de TF1 J’ai une question à vous poser et militant PS. Les histoires de fesses sont souvent limites.

ETONNANT, NON ?

Ton prochain, tu respecteras…

Plus de trois quarts des Français (79%) jugent “ inacceptable ” de se moquer publiquement d’une religion, selon un sondage TNS Sofres à paraître demain dans le magazine Le Pélérin. Amen !

Rase campagne

Pour qui il se prend, celui-là ? s’interroge un ouvrier de chez Alsthom à propos de Nicolas Sarkozy. Pour qui ? Un homme qui se sent tellement fort que son staff a jugé utile de faire venir deux cars entiers de militants dans la petite ville de Montcenis pour chanter ses louanges. Décidemment : aide-toi, le ciel t’aidera…

Soap censure (I)

Un passage de l'émission J'ai une question à vous poser, diffusée lundi soir en direct sur TF1 avec, comme invité, Nicolas Sarkozy, n'a pas été repris dans les vidéos de la soirée mises en ligne sur les sites de LCI et TF1. Il s'agit d'une séquence consacrée à la question de l'immigration et, notamment, aux moutons “ égorgés dans les salles de bain ”.

Soap censure (II)

A 14h30, contacté par nouvelobs.com, Renaud Pila, chef de la rubrique Politique à LCI.fr, a assuré ne pas être au courant et évoqué un éventuel “ problème d'encodage ”.

Soap censure (III)

Pascal Emond a assuré que l'intégralité de l'émission serait mise en ligne vers “ au plus vite ”. Vers 7h30 mercredi tout était revenu en ordre. Heureusement, tout est bien qui finit bien.

Et là, c'est le drame...

Pour la 7ème fois, Antoine Waechter a décidé de se porter candidat pour l’élection présidentielle à venir, et menait campagne hier à l’IEP de Lille sur le thème de la crise écologique… Alors surpris, non ?